48% des Français rejettent une nouvelle dissolution, Macron au plus bas

48% des Français rejettent une nouvelle dissolution, Macron au plus bas

Le pays tremble. Alors que le gouvernement de Sébastien Lecornu vient à peine de reprendre ses fonctions à l’Hôtel de Matignon, une vague de mécontentement sans précédent secoue la France. Selon un sondage Ipsos publié le 11 novembre 2025, 48 % des Français s’opposent explicitement à une nouvelle dissolution de l’Assemblée nationale. Une majorité silencieuse, fatiguée, qui ne veut plus de ce cirque politique. Et pourtant, 67 % disent qu’ils iraient voter si les urnes étaient de nouveau ouvertes. La contradiction est criante. On ne veut plus de crise… mais on ne veut pas non plus de stagnation.

Macron, au plus bas de sa popularité

À 47 ans, Emmanuel Macron traverse la pire crise de légitimité de son quinquennat. Seuls 20 % des Français lui accordent encore une opinion favorable — un record négatif depuis son arrivée à l’Élysée en mai 2017. Les 80 % d’opposition ne sont pas répartis équitablement : 87 % des sympathisants du Rassemblement National, 69 % de ceux de La France insoumise, et même 51 % des électeurs de Les Républicains souhaitent qu’il parte. Même dans son propre camp, la désillusion est profonde : 74 % des sympathisants de Renaissance le soutiennent encore… mais c’est une chute de 17 points depuis août 2025. La base s’effrite. Le cœur du système tremble.

La colère ne se limite pas à la politique. 37 % des Français pointent directement Macron comme responsable de la dégradation du pays. Un autre 37 % blâment l’ensemble des partis. Seuls 17 % pensent que la faute est partagée. Ce n’est pas une crise de gouvernement. C’est une crise de confiance. Et elle touche les fondations mêmes de la République.

La dissolution de 2024, un point de non-retour

Le 9 juin 2024, Macron a décidé de dissoudre l’Assemblée nationale. Une manœuvre rare, violente, qui a mis fin à un cycle politique. Dans un livre qui sort le 13 novembre 2025, Denis Baranger et Olivier Beaud, professeurs de droit politique à Sciences Po et à l’EHESS, écrivent : « Il n’y a jamais eu de peuple ou de France macroniste ». Leur analyse est implacable : le macronisme, né de la décomposition des grands partis, a tenté de réinventer la politique sans jamais la relier aux réalités populaires. La dissolution de 2024 n’était pas un coup de force pour gagner des sièges. C’était un adieu. Un dernier sursaut d’un système qui s’effondrait de l’intérieur.

Depuis, les alliances sont instables. L’Assemblée nationale compte 577 sièges : 250 pour Renaissance, 182 pour le Nouveau Front populaire, 143 pour le RN, et 66 pour Les Républicains. Aucune majorité claire. Aucune stabilité. Chaque vote est un combat. Chaque budget, une négociation à la limite du chaos.

Le piège de la motion de censure

Le Parti socialiste vient de lancer une motion de censure sur les finances publiques. Elle pourrait être débattue avant le 31 décembre 2025. Si elle passe — et les signaux sont inquiétants — la Constitution exige une dissolution dans les 20 à 40 jours. Les élections législatives devraient alors se tenir avant le 31 janvier 2026. Et les inscriptions sur les listes électorales doivent être closes le 31 décembre. Pas de marge. Pas de répit.

Le Palais du Luxembourg reste silencieux. Cédric Perrin, président de la commission des Affaires étrangères au Sénat, a commenté des déclarations sur la défense… mais rien sur la dissolution. L’Élysée, lui, n’a pas émis un mot. La stratégie est claire : attendre. Espérer. Prier pour que la motion échoue. Mais les sondages ne mentent pas : 47 % des Français sont contre toute motion de censure. Ils veulent que le gouvernement tienne… mais pas à n’importe quel prix. Ils veulent du changement. Juste pas celui-là.

Les conséquences invisibles

La crise politique ne se mesure pas seulement aux chiffres des sondages. Elle se voit dans les rues. Dans les chantiers arrêtés. Dans les familles qui attendent toujours le Grand Paris Express. 73 % des Français lient directement l’instabilité politique à la paralysie des infrastructures. 60 % pensent que cette instabilité pèse sur l’économie, les prix, les salaires. Les entreprises hésitent à investir. Les jeunes ne voient plus d’avenir dans la politique. Les retraités craignent pour leurs pensions. Ce n’est plus une question de pouvoir. C’est une question de survie nationale.

Le livre posthume d’Olivier Marleix, publié par Éditions Robert Laffont, reste un mystère. On ne sait pas ce qu’il dit. Mais le silence qui l’entoure en dit long. Quand un homme meurt en laissant un testament politique, c’est qu’il savait que le temps était compté.

Et maintenant ?

Le 31 décembre 2025 sera une date charnière. Si la motion de censure échoue, le gouvernement survivra — mais en s’appuyant sur des alliances éphémères, des votes au cas par cas. Le pays restera en état d’urgence politique. Si elle passe, les urnes s’ouvrent. Et là, tout peut arriver. Le RN pourrait devenir la première force. Le NFP pourrait se fragmenter. Renaissance pourrait disparaître. Ou se réinventer.

Une chose est sûre : les Français ne voteront pas pour un homme. Ils voteront contre un système. Et ce système, c’est celui que Macron a construit — puis abandonné.

Foire aux questions

Pourquoi les Français sont-ils si opposés à une nouvelle dissolution ?

Malgré leur désir de changement, 48 % des Français rejettent une nouvelle dissolution parce qu’ils ont déjà vécu le chaos de juin 2024 : campagnes électorales précipitées, débats superficiels, et un résultat qui n’a rien résolu. Ils craignent un nouveau cycle de paralysie, surtout avec une économie déjà tendue et des projets comme le Grand Paris Express en suspens. La fatigue politique est plus forte que l’espoir d’un renouveau.

Quelles sont les chances que la motion de censure du PS réussisse ?

Les chances sont réelles. Le PS, bien que faible, pourrait obtenir le soutien de LFI et de certains élus LR ou écologistes. Avec 182 députés au NFP et 143 au RN, un vote croisé est possible. La majorité absolue est à 289 voix. Le gouvernement ne dispose d’aucune majorité stable, et chaque député indépendant est une incertitude. Le vote du 30 novembre sera un test décisif.

Qu’est-ce que le macronisme, selon Baranger et Beaud ?

Pour les auteurs de « Dissolution de la Vème République », le macronisme est un projet politique sans racines populaires, né de la disparition des partis traditionnels. Il a tenté de moderniser la France par le haut, en ignorant les clivages sociaux et régionaux. Il a cru que la technocratie suffisait. Mais sans lien avec les réalités vécues, il a créé un vide que le RN et LFI ont rempli. Leur thèse : il n’y a jamais eu de « peuple macroniste » — seulement des électeurs fatigués qui ont voté par défaut.

Quelle est la situation des partis à l’Assemblée nationale en novembre 2025 ?

La République en Marche, désormais Renaissance, détient 250 sièges, soit 43 % du total, mais sans majorité absolue. Le Nouveau Front populaire (NFP) en a 182, le Rassemblement National 143, et Les Républicains 66. Aucun bloc ne peut gouverner seul. La survie du gouvernement dépend de votes au cas par cas, souvent avec des partis adverses, ce qui rend toute réforme impossible à long terme.

Pourquoi les Français veulent-ils que Macron parte, même ceux qui ne le détestent pas ?

Même les électeurs qui ne le critiquent pas personnellement estiment qu’il incarne un système en panne. Son style de gouvernance, centralisé et technocratique, a éloigné les citoyens. Son incapacité à construire une majorité durable, malgré deux mandats, montre un échec structurel. Pour beaucoup, son départ n’est pas une vengeance — c’est une nécessité pour que la République reparte de zéro.

Quels sont les risques constitutionnels d’une dissolution en fin d’année ?

La Constitution exige des élections dans les 20 à 40 jours après une dissolution, avec inscription des électeurs close le 31 décembre. Un calendrier extrêmement serré, surtout en hiver. Les risques : des élections mal préparées, une abstention record, ou des résultats imprévisibles qui pourraient plonger la France dans une crise institutionnelle plus grave encore. Le Conseil constitutionnel devra trancher sur la validité du processus — et il n’a jamais été mis à une telle épreuve.