Testament of Youth, La guerre vue par une femme

MONTRÉAL – Quand l’ouvrage de Vera Brittain, Testament of Youth, ses souvenirs de la Première Guerre mondiale, est sorti dans les librairies en 1933, son succès a été immédiat.

En effet, les témoignages sur la manière dont les femmes ont vécu la Grande Guerre sont inexistants et la voix de cette infirmière britannique, devenue pacifiste, a trouvé un écho dans la population.

Aujourd’hui, le rôle et la situation des femmes dans les conflits ne sont plus une nouveauté, mais ce témoignage n’a pas perdu de sa puissance. Et le réalisateur James Kent (Britannique spécialisé en séries télévisées et en téléfilms) saisit parfaitement l’ambiance particulière de ces années et les changements irrémédiables provoqués par cette guerre. Le plus impressionnant est d’ailleurs que le réalisateur y parvienne sans avoir recours aux grandes scènes de carnage et de batailles dans les tranchées.

Vera (Alicia Vikander, vue récemment en robot dans le troublant Ex Machina) n’a aucune idée de ce qui l’attend en cet été de 1914. Le soleil brille, elle n’a d’autre souci que de celui d’aller se baigner avec son frère Edward (Taron Egerton), et l’un de ses copains, Victor Richardson (Colin Morgan). Elle est en colère parce que son père (Dominic West) veut en faire une parfaite femme au foyer et qu’il vient de lui acheter un piano au lieu de l’envoyer à Oxford. Elle est tellement en colère qu’elle déclare, au grand dam de sa mère (Emily Watson) qu’elle ne se mariera jamais, impensable pour une demoiselle de cette époque. Elle rencontre aussi son futur petit ami, Roland Leighton (Kit Harington), qui part à la guerre avec une naïveté confondante.

Mais rapidement, et avec l’entrée en guerre de la Grande-Bretagne (Vera va même jusqu’à convaincre son père de laisser Edward partir au front, pensant qu’il ne s’agit de rien de bien grave), la jeune fille va perdre ses illusions, comme toute une génération d’ailleurs.

Testament of Youth ne comprend aucune scène à grand déploiement, pas plus que le film n’incite à sortir son mouchoir. Au contraire – et c’est là sa force -, on reste muet devant l’horreur suggérée – comme cette scène de Roland montrant des symptômes indéniables de syndrome de choc post-traumatique à qui Vera demande s’il écrit encore des poèmes. Ou ce moment où elle comprend pourquoi le jeune homme, de retour pour une permission, ne peut montrer d’émotion. Une autre scène saisissante: quand une infirmière recueille les derniers mots d’un soldat allemand.

Parce que James Kent n’a pas usé d’artifices, Testament of Youth n’en est que plus poignant, de même que la performance toute en retenue d’Alicia Vikander plonge le spectateur au c’ur de l’horreur. À voir absolument.

Note: 4 sur 5

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