On se croirait en guerre

Détonations, tirs en rafales et survol d’hélicoptère, déploiement de soldats, ont réveillé mercredi avant l’aube les habitants du centre de Saint-Denis, au nord de Paris, où un assaut a été donné contre un appartement.

«J’aurais jamais pensé que des terroristes puissent se cacher ici», raconte une jeune-femme témoin.

L’opération, qui vise notamment l’organisateur présumé des attentats meurtriers de vendredi à Paris, a démarré à 04H20 (03H20 GMT). Pour Hayat, 26 ans, qui avait passé la nuit chez des amis, rue du Corbillon, là même où se déroule l’assaut, c’était «au moment où je sortais de chez eux pour prendre les transports». Elle a entendu «des coups de feu», «j’ai pensé à un règlement de comptes».

«Mais les tirs ont continué, beaucoup de renforts sont arrivés et ont bouclé l’avenue de la République. On se croirait en guerre», dit-elle. «J’aurais jamais pensé que des terroristes puissent se cacher ici. J’aurais pu me prendre une balle.»

Le centre de cette ville de Seine-Saint-Denis, à forte population immigrée, juste au nord de Paris, a été entièrement bouclé par les forces de l’ordre.

Peu avant 07H30, des détonations étaient encore entendues, selon des journalistes de l’AFP, et une cinquantaine de militaires ont été déployés à l’entrée du périmètre de sécurité, le long des vitrines des magasins, fusils d’assaut à la main.

La préfecture de police a recommandé aux habitants de Saint-Denis de rester à l’abri et ne pas sortir de chez eux. Les écoles et collèges du centre-ville sont fermées pour la journée, et le trafic de métros, bus et tramways desservant Saint-Denis a été interrompu, a annoncé la RATP.

Un homme âgé d’une trentaine d’années affirme sous couvert de l’anonymat que c’est contre son appartement, au 8, rue du Corbillon, que les policiers ont donné l’assaut. Un appartement qui aurait servi de squat, explique une de ses amies.

«Un ami m’a demandé d’héberger deux de ses potes pour quelques jours», a raconté à l’AFP cet homme.«J’ai dit qu’il n’y avait pas de matelas, ils m’ont dit +c’est pas grave+, ils voulaient juste de l’eau et faire la prière. J’ai rappelé mon ami. Il m’a dit qu’ils venaient de Belgique», a-t-il poursuivi.

«On m’a demandé de rendre service, j’ai rendu service, je n’étais pas au courant que c’était des terroristes», a expliqué cet homme, très agité, avant d’être menotté et emmené par les policier

Devant l’église, où sont rassemblés des journalistes et des badauds, Emma, 25 ans est là depuis 06H00: «j’allais à l’hôpital Delafontaine (…) Il n’y avait pas de bus et j’entendais le bruit des hélicos. J’ai compris qu’il y avait quelque chose qui se passait».

Au lever du jour, un hélicoptère tourne au-dessus du centre et les radios de la police crachotent.À seulement une cinquantaine de mètres des militaires, les journalistes enchaînent leur direct dans plusieurs langues. Un peu plus loin, des dizaines de camionnettes de police et de pompiers stationnent dans tous les sens sur un carrefour.

Didier, un riverain de 34 ans, n’est «pas rassuré, avec les patrouilles les gars avec l’arme à la main qui passent parmi nous… On dirait qu’ils cherchent quelqu’un».

«On est en sécurité là Franchement on est en sécurité », interroge Naïm, 33 ans, qui habite à deux rues, et suit les événements depuis le trottoir depuis 06H00. «Y’a les mecs de la BRI (policiers d’élite) qui circulent cagoules avec le +gun+ à la main», dit-il.

«Non faut se barrer là», répond un autre riverain. 

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