Les Vieux Criss, un nom horrible de superbes chansons

Les Vieux Criss, non mais! Franchement! Pourquoi se trouver un nom de groupe aussi moche quand l’album que l’on veut promouvoir est excellent!

Serait-ce l’influence ratafouinesque de pseudos-humoristes peureux cherchant à se dénigrer eux-mêmes avant que le public ne le fasse’ Mais pourquoi présenter un titre qui ne correspond absolument pas au contenu d’un album par ailleurs très bien fait musicalement, et aux textes impeccables’

Ces talentueux artistes auraient-ils voulu faire des Tannants d’eux-mêmes, croyant que les niaiseux d’autrefois pourraient devenir les lumières du showbiz d’aujourd’hui’ Auraient-ils souhaité s’accrocher au train teuf-teuf des anciennes vedettes botoxées remplissant les salles en région ces temps-ci’

J’ai très bien connu trois des membres du quatuor Les Vieux Criss, composé de François Guy, Louise Forestier, France Castel, et Michel Le François. François Guy a fréquenté le Petit Séminaire de Sainte-Thérèse-de-Blainville alors que je venais de quitter cet établissement devenu le Collège Lionel-Groulx.

J’ai beaucoup apprécié son passage dans le fameux groupe rock Les Sinners, devenu La Révolution Française sous son influence. Il en était le membre le plus allumé comme je l’ai été chez Offenbach. François est le parolier inspiré ayant écrit le texte de la grande chanson Québécois, alors qu’un autre de mes amis, Angelo Finaldi, est l’auteur de la musique.

J’ai rencontré France Castel, née Francine Bégin, le soir même de son arrivée à Montréal il y a de cela belle lurette. Elle venait tout juste, me disait-elle, de rompre avec son mari dans une contrée québécoise lointaine et espérait trouver du travail en ville. Nous étions dans un petit restaurant marocain de la rue Crescent, je crois, l’occasion était belle, la demoiselle fort jolie et comme elle descendait de l’autobus j’ai cru un instant qu’elle pourrait trouver refuge chez moi plutôt que de chercher une chambre d’hôtel.

Ça ne s’est pas passé ainsi. Puisque j’étais arrivé en coup de vent, cherchant une autre personne, je suis donc reparti de même. Je n’ai pas à m’étendre sur l’éloge de France Castel, artiste accomplie connue de tous. Voici une belle chanson écrite pour elle par la belle poétesse Christine Charbonneau, Du fil des aiguilles et du coton.

Louise Forestier! Ah bin là là! L’une de nos plus intenses divas! Quelle surprise pour moi que de la retrouver au sein d’un groupe rock du troisième millénaire, elle qui était déjà rockeuse du temps lointain où elle interprétait la chanson hautement politique, Potemkine, écrite par Georges Coulonges et composée par Jean Ferrat. Je me souviens très bien l’avoir vue et entendue au Théâtre de Quat’Sous alors qu’elle y chantait avec la fougue d’une passionaria cette superbe chanson lui allant à la perfection, que je n’ai malheureusement pas trouvé chez YouTube pour vous l’offrir en visionnement.

De naissance Louise Belhumeur, nom lui collant à l’âme quand on la connait, nous avons, elle et moi, vécu des aventures incroyables alors qu’en 1976, nous étions allés extirper d’une épaisse forêt de la Minerve, en Haute-Mauricie, un énorme poêle à deux ponts, mastodonte de 400 kilos que Paul Piché avait remarqué lors d’une chasse et dont il lui avait parlé. Ensevelie sous la toiture écroulée d’un ancien camp de bûcheron, cette merveille presque intacte avec ses chromes n’attendait que nous pour revivre dans ma petite maisonnette du rang Ti-Gard, à Sainte-Véronique, où une plaque commémorative de l’événement a été installée en 2015 par de nouveaux propriétaires.

Le lendemain, nous étions allés à Mont-Rolland, au sommet de la montagne du Grand-Élan alors qu’on m’avait raconté qu’un esprit anglophone pouvait y répondre aux questions qu’on lui posait. Nous étions arrivés depuis quelques minutes, plutôt détendus et insouciants, lorsqu’à notre immense frayeur un bruit sourd de gros rochers s’entrechoquant sous nos pieds nous saisit de stupeur. Une subite et violente bourrasque s’éleva en nous dépeignant, et nous entendîmes à deux ou trois reprises une voix d’outre-tombe dire d’une voix rauque le mot «talk» ou quelque chose de ressemblant.

En moins de deux nous prîmes la poudre d’escampette et courûmes en épouvante vers mon pick-up quelques centaines de mètres plus bas. Un tour de clé, la pédale dans l’tapis et dans un nuage de poussières mêlées de gravois et de petites branches qui explosaient sous les pneus, nous fuîmes vers l’autoroute et Montréal, loin des succubes, incubes, et autres cubes du monde des trépassés. Quoi qu’il en soit, voici une chanson tirée d’une comédie musicale éponyme ayant énormément eu de succès au Québec, dont Louise faisait brillamment partie de la distribution, Demain matin Montréal m’attend.

Je ne connaissais pas le quatrième mousquetaire du groupe mal nommé Les Vieux Criss, Michel Le François. Cette chronique m’a permis de m’y intéresser, quoique je n’eusse rien de particulier à raconter sur lui. Je suis allé chez YouTube et j’ai trouvé ceci, tiré d’un album paru en 1979 et intitulé Sur la terre comme au ciel, voici Chevaliers de l’univers.

J’ai écouté avec surprise l’album de Les Vieux Criss. Surprise’ Oui et non. Je connaissais le talent de trois des membres du groupes mais je ne me doutais pas d’à quel point ils seraient capables de faire du «neuf avec du vieux». Bin justement! Il n’y a pas de vieux! PAS DE VIEUX! Mais pas pantoute! Là se cachait ma surprise.

J’ai pu écouter trois des chansons de leur récent album, enfin, les trois étant disponibles à écoute complète. Les textes sont parfaits, ça va de soi avec François Guy dans les parages. La musique! Oh, la musique! L’accompagnement musical est génial! Le meilleur que ces deux Schtroumpfs gris et leurs deux Schtroumpfettes grisonnantes n’ont jamais eu de leur vie, dans le genre musique populaire oscillant d’une piste à l’autre entre le rock léger, la ballade rock, la ballade et le country rock. Ma préférence, pour l’instant, va vers l’excellente Croquer la pomme, interprétée par François Guy, enfin à ce qu’il me semble.

Alors je reviens à mon questionnement du début de cette chronique: pourquoi s’appeler Les Vieux Criss’ Pourquoi se réduire encore plus devant l’irréductible qu’est la vieillesse! Pourtant quand on écoute leurs chansons les yeux fermés, sans voir leurs vieilles faces, IL N’Y A PAS DE VIEUX! Y AURAIT-IL DES CRISS’ EUX SEULS LE SAVENT! ET ON S’EN «CÂLISS»!

Les chansons sont bonnes, les voix sont belles, les musiques et les arrangements sont parfaits. Il n’est jamais trop tard pour arrêter de s’excuser de nos rides, de nos plis de face et de nos cheveux gris. La jeunesse n’est pas une qualité! La vieillesse n’est pas un défaut! La chenille jeune et jolie n’a pas la grâce du papillon.

Bonne semaine.

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    Les Vieux Criss, un nom horrible de superbes chansons

    Les Vieux Criss, non mais! Franchement! Pourquoi se trouver un nom de groupe aussi moche quand l’album que l’on veut promouvoir est excellent!

    Serait-ce l’influence ratafouinesque de pseudos-humoristes peureux cherchant à se dénigrer eux-mêmes avant que le public ne le fasse’ Mais pourquoi présenter un titre qui ne correspond absolument pas au contenu d’un album par ailleurs très bien fait musicalement, et aux textes impeccables’

    Ces talentueux artistes auraient-ils voulu faire des Tannants d’eux-mêmes, croyant que les niaiseux d’autrefois pourraient devenir les lumières du showbiz d’aujourd’hui’ Auraient-ils souhaité s’accrocher au train teuf-teuf des anciennes vedettes botoxées remplissant les salles en région ces temps-ci’

    J’ai très bien connu trois des membres du quatuor Les Vieux Criss, composé de François Guy, Louise Forestier, France Castel, et Michel Le François. François Guy a fréquenté le Petit Séminaire de Sainte-Thérèse-de-Blainville alors que je venais de quitter cet établissement devenu le Collège Lionel-Groulx.

    J’ai beaucoup apprécié son passage dans le fameux groupe rock Les Sinners, devenu La Révolution Française sous son influence. Il en était le membre le plus allumé comme je l’ai été chez Offenbach. François est le parolier inspiré ayant écrit le texte de la grande chanson Québécois, alors qu’un autre de mes amis, Angelo Finaldi, est l’auteur de la musique.

    J’ai rencontré France Castel, née Francine Bégin, le soir même de son arrivée à Montréal il y a de cela belle lurette. Elle venait tout juste, me disait-elle, de rompre avec son mari dans une contrée québécoise lointaine et espérait trouver du travail en ville. Nous étions dans un petit restaurant marocain de la rue Crescent, je crois, l’occasion était belle, la demoiselle fort jolie et comme elle descendait de l’autobus j’ai cru un instant qu’elle pourrait trouver refuge chez moi plutôt que de chercher une chambre d’hôtel.

    Ça ne s’est pas passé ainsi. Puisque j’étais arrivé en coup de vent, cherchant une autre personne, je suis donc reparti de même. Je n’ai pas à m’étendre sur l’éloge de France Castel, artiste accomplie connue de tous. Voici une belle chanson écrite pour elle par la belle poétesse Christine Charbonneau, Du fil des aiguilles et du coton.

    Louise Forestier! Ah bin là là! L’une de nos plus intenses divas! Quelle surprise pour moi que de la retrouver au sein d’un groupe rock du troisième millénaire, elle qui était déjà rockeuse du temps lointain où elle interprétait la chanson hautement politique, Potemkine, écrite par Georges Coulonges et composée par Jean Ferrat. Je me souviens très bien l’avoir vue et entendue au Théâtre de Quat’Sous alors qu’elle y chantait avec la fougue d’une passionaria cette superbe chanson lui allant à la perfection, que je n’ai malheureusement pas trouvé chez YouTube pour vous l’offrir en visionnement.

    De naissance Louise Belhumeur, nom lui collant à l’âme quand on la connait, nous avons, elle et moi, vécu des aventures incroyables alors qu’en 1976, nous étions allés extirper d’une épaisse forêt de la Minerve, en Haute-Mauricie, un énorme poêle à deux ponts, mastodonte de 400 kilos que Paul Piché avait remarqué lors d’une chasse et dont il lui avait parlé. Ensevelie sous la toiture écroulée d’un ancien camp de bûcheron, cette merveille presque intacte avec ses chromes n’attendait que nous pour revivre dans ma petite maisonnette du rang Ti-Gard, à Sainte-Véronique, où une plaque commémorative de l’événement a été installée en 2015 par de nouveaux propriétaires.

    Le lendemain, nous étions allés à Mont-Rolland, au sommet de la montagne du Grand-Élan alors qu’on m’avait raconté qu’un esprit anglophone pouvait y répondre aux questions qu’on lui posait. Nous étions arrivés depuis quelques minutes, plutôt détendus et insouciants, lorsqu’à notre immense frayeur un bruit sourd de gros rochers s’entrechoquant sous nos pieds nous saisit de stupeur. Une subite et violente bourrasque s’éleva en nous dépeignant, et nous entendîmes à deux ou trois reprises une voix d’outre-tombe dire d’une voix rauque le mot «talk» ou quelque chose de ressemblant.

    En moins de deux nous prîmes la poudre d’escampette et courûmes en épouvante vers mon pick-up quelques centaines de mètres plus bas. Un tour de clé, la pédale dans l’tapis et dans un nuage de poussières mêlées de gravois et de petites branches qui explosaient sous les pneus, nous fuîmes vers l’autoroute et Montréal, loin des succubes, incubes, et autres cubes du monde des trépassés. Quoi qu’il en soit, voici une chanson tirée d’une comédie musicale éponyme ayant énormément eu de succès au Québec, dont Louise faisait brillamment partie de la distribution, Demain matin Montréal m’attend.

    Je ne connaissais pas le quatrième mousquetaire du groupe mal nommé Les Vieux Criss, Michel Le François. Cette chronique m’a permis de m’y intéresser, quoique je n’eusse rien de particulier à raconter sur lui. Je suis allé chez YouTube et j’ai trouvé ceci, tiré d’un album paru en 1979 et intitulé Sur la terre comme au ciel, voici Chevaliers de l’univers.

    J’ai écouté avec surprise l’album de Les Vieux Criss. Surprise’ Oui et non. Je connaissais le talent de trois des membres du groupes mais je ne me doutais pas d’à quel point ils seraient capables de faire du «neuf avec du vieux». Bin justement! Il n’y a pas de vieux! PAS DE VIEUX! Mais pas pantoute! Là se cachait ma surprise.

    J’ai pu écouter trois des chansons de leur récent album, enfin, les trois étant disponibles à écoute complète. Les textes sont parfaits, ça va de soi avec François Guy dans les parages. La musique! Oh, la musique! L’accompagnement musical est génial! Le meilleur que ces deux Schtroumpfs gris et leurs deux Schtroumpfettes grisonnantes n’ont jamais eu de leur vie, dans le genre musique populaire oscillant d’une piste à l’autre entre le rock léger, la ballade rock, la ballade et le country rock. Ma préférence, pour l’instant, va vers l’excellente Croquer la pomme, interprétée par François Guy, enfin à ce qu’il me semble.

    Alors je reviens à mon questionnement du début de cette chronique: pourquoi s’appeler Les Vieux Criss’ Pourquoi se réduire encore plus devant l’irréductible qu’est la vieillesse! Pourtant quand on écoute leurs chansons les yeux fermés, sans voir leurs vieilles faces, IL N’Y A PAS DE VIEUX! Y AURAIT-IL DES CRISS’ EUX SEULS LE SAVENT! ET ON S’EN «CÂLISS»!

    Les chansons sont bonnes, les voix sont belles, les musiques et les arrangements sont parfaits. Il n’est jamais trop tard pour arrêter de s’excuser de nos rides, de nos plis de face et de nos cheveux gris. La jeunesse n’est pas une qualité! La vieillesse n’est pas un défaut! La chenille jeune et jolie n’a pas la grâce du papillon.

    Bonne semaine.

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