La guerre au vieillissement

On dit que les cheveux gris symbolisent la sagesse, mais peut-être que c’est l’inverse: ça prend pas mal de sagesse pour gérer les cheveux gris. (Ça, ou de la teinture.)

J’ai souvent l’impression que vieillir, c’est la vie qui t’ajoute des complexes et qui te regarde te choquer. T’essaies de rester zen, mais il y a toujours quelque chose de nouveau qui est trop lousse, trop gris ou trop… vieux.

Mais ça fait partie du concept. À moins d’être Tom Cruise, on vieillit tous.

Et même si on parle souvent de crise de la quarantaine ou de la cinquantaine, tout le monde est amplement capable de capoter à tout âge. Ce n’est pas que la vie soit trop courte. (Elle est même assez longue.) Le problème, c’est qu’elle est sournoise.

Un jour, t’es joli. Le lendemain, t’es joli… pour ton âge.

C’est subtil, sournois et cruel. T’as l’impression qu’on va te remplacer plus rapidement qu’une miss météo.

Du coup, on se met à s’entraîner. On s’inscrit au yoga. On pousse du métal. Mais même avec un régime militaire au crossfit, ce n’est jamais parfait. Un gars est fier d’avoir enfin des biceps assez gros, mais il s’est développé un mal de dos. Une fille commence à être enfin assez ferme à son goût, mais ses seins ont fondu.

De toute façon, l’exercice n’est pas la solution à tout. Une grosse partie de la guerre est psychologique.

La preuve, c’est qu’il y a des jours où l’on se pense vieux, moche et bon pour la dompe, et le lendemain, on est de retour à notre top! On se demande même pourquoi on en faisait tout un plat la veille. Difficile de savoir si c’est une question de vêtements, d’éclairage ou de santé mentale. On se sent juste mieux.

Finalement, les cheveux gris, c’est sexy. Et les courbes aussi. Et le début de calvitie… Bon, non, ça c’est juste gossant. Mais il y a des moments où l’on arrive à mieux l’assumer et que c’est presque drôle.

Il faut dire qu’on panique souvent pour des trucs ridicules. D’ailleurs, un de mes trucs quand je me mets à paniquer sur mes complexes, c’est de m’imaginer une voix extérieure qui me crierait ce que je me dis avec le même niveau de frayeur.

«AH NON! T’AS CERTAINS DE TES SOURCILS QUI SONT BLANCS!»

«ARGH! ON VOIT TON SCALP!»

«ÇA Y EST! TA BEDAINE CRÉE DU RELIEF DANS TON T-SHIRT!»

Avec un peu d’objectivité, on voit bien qu’il y a des choses pires que ça dans la vie. (Comme avoir des voix dans sa tête qui crient.) D’ailleurs, si un ami avait le même genre de problème, on ne trouverait même pas ça si grave que ça.

Bien souvent, on est juste à un petit compliment de se replacer. Comme le dit le dicton: un compliment par jour éloigne le chirurgien esthétique pour toujours.

Et je ne sais pas s’il y a bien des gens qui disent sur leur lit de mort: «Les bouts où je stressais sur mes rides, c’était vraiment du temps bien investi!»

De toute façon, la guerre au vieillissement, elle est impossible à gagner. Tout ce qu’on peut faire, c’est essayer de la gérer. T’as beau faire de l’exercice, te crémer trois fois par jour, t’ajouter trois filtres sur Instagram ou dénigrer les plus jeunes avec amertume, le nerf de la guerre, c’est combien t’arrives à t’accepter tel que t’es.

Mais bon, des fois c’est plus facile de s’accepter avec des grosses lunettes de soleil, une terrasse sans miroir et quelques verres alcoolisés. Et si tu peux te faire carter à la SAQ au passage, c’est encore mieux.

Étiquettes : guerre, vieillissement

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