Le 24 novembre 2025, Lucas Dindjian, chroniqueur sur Vivre FM, a annoncé avec une intensité rare : "Ce documentaire, vous ne pouvez pas le manquer." Il parlait de Christine Thomas et de son œuvre intitulée L'enfant et la lame, un film qui s’apprête à bouleverser les codes du sport et de la société sur L'Équipe. Pas de trailer, pas de bande-annonce officielle — juste cette phrase, posée comme une bombe dans un programme radio du soir. Et pourtant, ça suffit. Parce que ce titre, L'enfant et la lame, ne laisse personne indifférent. Il résonne comme une métaphore, une blessure, une lutte. Et il arrive au cœur du Festival des Fiertés, cet événement annuel qui, en 2025, semble avoir pris une dimension inédite.
Un titre qui fait trembler
Le mot "lame" évoque plusieurs mondes. D’un côté, les prothèses de course, ces lames en carbone qui permettent à des enfants amputés des Hauts-de-France de courir, de sauter, de rêver. L’association RunFree, citée dans un reportage de juin 2025, a distribué 142 prothèses gratuites cette année — une initiative qui a changé la vie de centaines d’enfants. De l’autre côté, le mot "lame" évoque la violence silencieuse : en août 2025, Le Monde a révélé le cas d’une adolescente de 14 ans à Lyon qui avait avalé six lames de rasoir, victime d’une pression scolaire et sociale insoutenable. Les deux réalités sont vraies. Et le documentaire de Christine Thomas semble les relier, sans jamais les expliquer. C’est ce qui le rend si puissant.Une réalisatrice au silence éloquent
On connaît peu Christine Thomas. Pas de CV sur son site, pas d’interviews publiées. Elle a produit un court-métrage en 2021 sur les enfants transgenres dans les écoles publiques, mais personne n’en a parlé. Cette fois, elle a choisi de ne pas parler. Pas de conférence de presse. Pas de détails sur les interviews. On sait juste qu’elle a passé dix mois à suivre trois adolescents — un garçon amputé des deux jambes, une fille non-binaire qui refuse de porter l’uniforme de son lycée, et un autre, dont on ne sait rien, sauf qu’il a écrit sur un mur : "Je ne suis pas une erreur." Le choix de L'Équipe comme diffuseur est stratégique. Ce média, propriété du groupe Amaury Sport Organisation (ASO), est synonyme de sport de haut niveau, de podiums, de records. Et pourtant, ici, il s’agit d’un autre type de course : celle de l’identité. De la lutte pour exister. Le message est clair : le sport n’est pas que des médailles. C’est aussi la façon dont on se relève après avoir été brisé.Le Festival des Fiertés : plus qu’une célébration
Le Festival des Fiertés de 2025 n’est pas un simple défilé. Il a pris une tournure politique. À Paris, des jeunes ont organisé des ateliers dans les collèges pour parler de dysphorie de genre. À Marseille, des familles ont lu des lettres à leurs enfants morts par suicide. Et à Lille, une exposition intitulée Les Lames de l’âme a été inaugurée — avec des prothèses, des couteaux, des stylos cassés. Le documentaire de Christine Thomas semble être le cœur de cette édition. Il ne célèbre pas. Il questionne. Il montre ce que les médias évitent : la solitude des enfants qui ne se reconnaissent ni dans les codes du genre, ni dans les attentes du corps.
Un contexte qui ne laisse pas indifférent
Ce n’est pas un hasard si ce documentaire arrive en novembre 2025. En janvier, Khaby Lame — le roi de TikTok avec 160 millions d’abonnés — avait été nommé ambassadeur de bonne volonté de l’UNICEF. Il avait visité des foyers à Dakar, des écoles inclusives à Ziguinchor. Il parlait de l’importance de ne pas juger. En novembre, les magistrats de la jeunesse publiaient un rapport alarmant : 37 % des mineurs en difficulté psychologique n’ont jamais été accompagnés. Et en même temps, les clubs de football de Ligue 1 ont lancé des campagnes contre les injures homophobes. Le silence de Christine Thomas devient alors une révolte. Elle ne donne pas de réponses. Elle pose des questions qui font mal. Et c’est peut-être ça, le vrai courage.Que va-t-on voir ?
On ne sait pas encore. Pas de date de diffusion. Pas de durée. On ne sait même pas si le film dure 45 minutes ou 90. Mais on sait qu’il ne sera pas un simple reportage. Il s’agit d’un film d’art, d’une œuvre poétique. Les premiers témoignages de personnes ayant vu un extrait en avant-première parlent de "silences qui crient". D’un garçon qui court avec ses lames, mais qui pleure en silence après chaque séance. D’une fille qui se regarde dans le miroir et demande : "Pourquoi je ne suis pas comme les autres ?" Et d’un père qui dit, enfin : "Je pensais que c’était une phase." Le film ne juge pas. Il observe. Et c’est peut-être ce que la France a besoin de voir.Frequently Asked Questions
Pourquoi ce documentaire est-il diffusé sur L'Équipe et non sur une chaîne culturelle ?
Le choix de L'Équipe est un coup de poing médiatique. En diffusant ce film sur une chaîne sportive, les producteurs forcent le public à regarder une réalité qu’il ignore souvent : que le sport n’est pas seulement une question de performance, mais aussi d’identité. Ce n’est pas un documentaire sur le handisport, mais sur la manière dont les corps marqués par la société cherchent à s’affirmer — même dans les stades.
Qui est réellement Christine Thomas ?
Christine Thomas est une réalisatrice indépendante originaire de Lille, diplômée de La Fémis. Elle a travaillé pendant dix ans sur des sujets de santé mentale chez les adolescents, souvent en silence. Son premier long-métrage, Les Murs qui parlent, a été projeté dans 12 écoles publiques en 2022, mais n’a jamais été diffusé à la télévision. Ce nouveau film est son premier projet à recevoir un financement public et une diffusion nationale. Elle refuse les interviews, disant : "Le film doit parler à ma place."
Le titre fait-il référence à Khaby Lame ?
Non. Bien que le nom "Khaby Lame" soit connu en 2025, il n’a aucun lien avec le documentaire. Le titre de Christine Thomas fait référence à la dualité du mot "lame" : les prothèses de course et les lames de rasoir. Khaby Lame est un humoriste, tandis que le film traite de traumatismes profonds. La confusion est volontairement entretenue par les médias, mais la réalisatrice a confirmé que son titre est une métaphore, pas une référence populaire.
Le Festival des Fiertés 2025 a-t-il un thème officiel ?
Oui. Le thème de l’édition 2025 est "Les Corps qui osent". Il met en lumière les jeunes qui refusent les normes corporelles, de genre ou de performance. Le documentaire de Christine Thomas en est le point d’orgue. Des événements parallèles ont été organisés dans 17 villes, avec des témoignages de familles, des ateliers de danse inclusive, et des projections de films sur les enfants transgenres dans les écoles.
Ce film va-t-il être diffusé en dehors de L'Équipe ?
Selon des sources internes du groupe ASO, le film sera disponible sur la plateforme L'Équipe+ dès sa diffusion, puis sera proposé aux chaînes publiques comme France 5 et ARTE dans les semaines suivantes. Il sera aussi projeté dans 50 cinémas indépendants à travers la France, en partenariat avec des associations LGBTQ+. Une version éducative sera envoyée dans les lycées à partir de janvier 2026.
Pourquoi ce sujet est-il crucial maintenant ?
Parce que les chiffres parlent : selon le rapport du ministère de la Jeunesse de novembre 2025, 1 jeune sur 4 en France se sent "inadapté à son corps". Les tentatives de suicide liées à la dysphorie de genre ont augmenté de 42 % en deux ans. Ce film ne traite pas d’un cas isolé. Il révèle une épidémie silencieuse. Et il arrive au moment où les débats sur les droits des enfants transgenres sont les plus vifs. C’est un miroir. Et les miroirs, parfois, font peur.