Guerre des étoiles chez les aubergistes

L’ISLET | Des aubergistes de la province ne veulent plus être comparés aux grands hôtels pour établir leur nombre d’étoiles. Ils tenteront cet hiver de convaincre le gouvernement d’obtenir leur propre catégorie.

Les aubergistes déplorent que les critères les plus payants pris en compte pour établir le nombre d’étoiles touchent la dimension des chambres, la qualité des téléviseurs ou l’étendue du stationnement alors que la beauté du paysage et la chaleur des lieux sont négligées.

Étouffés par la lourdeur des critères auxquels ils doivent satisfaire pour obtenir un maximum d’étoiles et frustrés d’être comparés à des grands hôtels urbains, ils ont décidé de presser le gouvernement de leur créer une catégorie pour leurs particularités bien à eux, sous l’appellation «Auberge», plutôt que celle d’«Établissements hôte­liers» actuellement.

1 M$ investis

Photo courtoisie, Éric St-Pierre

Nancy LemieuxPropriétaire de l’Auberge des Glacis

Nancy Lemieux, de l’Auberge des Glacis à L’Islet, dans le Bas-Saint-Laurent, dit avoir investi plus de 1 M$ pour tenter d’augmenter son nombre d’étoiles. Elle a aménagé des chambres et des salles de bains répondant à plusieurs critères de la Corporation de l’industrie touristique du Québec (CITQ), chargée par le ministère du Tourisme d’octroyer les fameuses étoiles aux exploitants.

«Ils m’ont répondu que je devrais équiper mes chambres avec des télévisions de 36 po et des bureaux de travail», déplore-t-elle.

Le but de son auberge est la détente et elle a volontairement aménagé des chambres sans téléviseur.

«Mes clients me posent la question constamment. Ils ne comprennent pas qu’on soit seulement un trois étoiles.»

À L’Isle-aux-Grues, Gilles Tardif, de l’Auberge Maisons du Grand Héron, a obtenu de la CITQ de se retrouver dans la catégorie «Autres» pour lui permettre de conserver ses deux étoiles. «On ne tient pas compte de la gastronomie, du fait qu’on a les deux pieds dans le fleuve. On ne parle que de la dimension des chambres et des salles de bains.»

À la Corporation de l’industrie touristique du Québec, on rappelle que la grille est approuvée par le milieu et conçue en fonction de la clientèle, qui s’attend à un niveau de confort correspondant aux étoiles.

«La majorité des points sont donnés en fonction de la chambre, des lits, de la salle de bains. Quelle que soit la taille de l’établissement, une chambre demeure une chambre», dit Claude Cloutier, responsable des communications.

Des dizaines d’aubergistes de la province appuient déjà le groupe formé dans Chaudière-Appalaches qui a l’intention d’interpeller la nouvelle ministre du Tourisme, Julie Boulet, à ce sujet.

Les aubergistes déplorent d’être évalués sur le nombre de repas servis ou l’apparence de la cuisine plutôt que sur la qualité de la nourriture.

«Nous évaluons la qualité qui est mesurable. Avant, on regardait le menu, mais ce n’est plus le cas. Aussi, on répertorie les services, mais pas la qualité de ces derniers», de confirmer Claude Cloutier, de la CITQ.

La classification est effectuée à partir d’un système de pointage qui mène à l’obtention de 0 à 5 étoiles pour les établissements hôteliers, qu’on exploite une petite auberge de 20 unités près du fleuve ou un grand hôtel au centre-ville.

La qualité des chambres compte pour 40 % des points et les salles de bains pour 20 %. Il ne reste donc que 40 % des points pour la restauration, les services et le paysage.

Si les chambres de l’hôtel n’ont pas de téléviseur, l’établissement n’obtient pas de point. Si chaque chambre en comporte un de 36 po et plus, elle passe au niveau cinq.

Même le nombre de cintres et de sources lumineuses est calculé. Si vous en comptez respectivement plus de huit ou cinq, c’est un maximum de points.

Deux cachets, même catégorie

apporte un maximum de points

Salle de réunion de 300 places

Trois tables pour deux lits

Table et fauteuil de travail ergonomique

n’apporte pas de points

Absence de télévision pour un séjour différent

Qualité de l’accueil de l’aubergiste

Place donnée au terroir local en restauration

Étiquettes : aubergistes, étoiles, Guerre

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