Une entame clinique de Müller
Quatre buts, zéro frisson. Au Donaustadion d’Ulm, rempli par 15 000 spectateurs vendredi 16 août, Bayern Munich a fait simple et efficace pour écarter SSV Ulm 1846 (4-0) au premier tour de la DFB-Pokal. Coup d’envoi à 20h45, ambiance chaude, mais un rapport de forces vite posé: Thomas Müller a frappé deux fois en deux minutes, à la 12e puis à la 14e. Son sens du placement et son timing ont cassé l’espoir d’un exploit local avant même que le match ne s’installe.
Là où certaines grosses cylindrées se compliquent la vie à ce stade de la Coupe, Munich a clos le débat en un quart d’heure. Le ballon a circulé proprement, les attaques ont été tranchantes, et Ulm, promu cette saison en 2. Bundesliga, a surtout couru après l’ombre. L’arbitre Sven Jablonski a passé une soirée tranquille: peu de fautes grossières, aucun incident, et une partie restée sous contrôle du début à la fin.
La domination bavaroise a pris des formes classiques, mais redoutables: largeur assurée par des ailiers actifs, relais constants entre les lignes, et récupération haute dès la perte. Ulm a tenté un bloc compact, en resserrant les couloirs intérieurs, sans réussir à fermer tous les angles. Müller a flotté dans les demi-espaces, attirant les défenseurs et ouvrant des couloirs d’attaque. Les transitions ont été courtes et propres, avec suffisamment de mouvements sans ballon pour créer des décalages en série.
Mené 2-0 très tôt, Ulm a dû choisir: reculer pour limiter la casse ou s’ouvrir un peu pour exister offensivement. Les locaux ont essayé d’allonger les séquences de possession, mais chaque perte a ramené un contre propre de Munich. La sensation, dès la demi-heure, était que le troisième but n’était qu’une question de temps, sans même que les Bavarois forcent leur intensité.
Après la pause, le scénario s’est calmé. Munich a géré son avance, a fait tourner le ballon et l’effectif, sans allumer tous les feux. Ulm a tenu par séquences, s’offrant quelques respirations, mais sans suffisamment de précision dans la dernière passe. Kingsley Coman a fini par plier la fin de match d’une frappe à la 80e, validant cette impression d’écart structurel entre les deux équipes. Et Harry Kane, fidèle à son flair, a clos la soirée dans le temps additionnel (90’+4), punissant un dernier relâchement.
Ce que dit ce match pour la saison à venir
Au-delà du score, la manière compte. Après une saison 2023-24 marquée par une sortie prématurée en Coupe face à un club de division inférieure, Munich voulait surtout éviter la mauvaise surprise du premier tour. Mission accomplie: concentration au coup d’envoi, justesse technique, gestion mentale une fois l’écart fait. Le message est limpide: pas question de laisser la DFB-Pokal filer sur un accident.
Le contexte donne aussi du relief à cette victoire. Ulm reste sur une dynamique positive, montée en 2e division et confiance gonflée par une saison réussie. Dans ce type de match, l’énergie du promu peut parfois renverser la logique. Là, l’écart d’intensité et de maîtrise a sauté aux yeux. La différence ne s’est pas jouée sur un geste isolé, mais sur 90 minutes de rigueur, des circuits bien huilés et une densité au milieu que l’adversaire n’a pas pu percer.
Sur le plan individuel, Thomas Müller a rappelé pourquoi il pèse tant dans ce club: sens de l’instant, lecture du jeu, déplacements qui rendent tout le monde meilleur autour de lui. Coman a apporté cette pointe d’accélération qui casse un bloc fatigué. Et Kane a gardé son habitude de marquer, même quand le match semble plié. Derrière, la ligne défensive a vécu une soirée plutôt sereine, protégée par un pressing de relais qui a étouffé les premières relances d’Ulm.
Tactiquement, Munich a imposé sa signature: pressing coordonné, récupérations rapides, et patience dès qu’il fallait faire courir l’adversaire. Dans la moitié de terrain d’Ulm, les Bavarois n’ont pas confondu vitesse et précipitation. Ils ont alterné larges et intérieurs, multiplié les appuis-remises, et attendu les ouvertures sans se découvrir. C’est ce genre de gestion qui évite les contres mal contrôlés et les égalisations bêtes que l’on voit parfois en Coupe.
Pour Ulm, la soirée laisse un goût amer au tableau d’affichage, mais l’expérience est utile. Recevoir un calibre européen chez soi, sentir le rythme, mesurer l’exigence technique: ce sont des repères précieux avant d’attaquer le cœur de la saison en 2. Bundesliga. Le public a joué le jeu, a poussé quand il le pouvait, et l’équipe a tenu son plan autant que possible. Le fossé de vitesse d’exécution et de précision dans les 30 derniers mètres a fait la différence.
Munich file donc au deuxième tour, avec la satisfaction d’un travail propre, sans blessure signalée sur le moment et sans surcharge mentale. Le tirage à venir dira si la route reste dégagée ou s’annonce piégeuse. Le calendrier va vite s’épaissir, entre championnat et Europe: ce genre de victoire maîtrisée, sans prolongation, compte aussi dans la gestion des ressources.
Reste la grande constante de la DFB-Pokal: le format à élimination directe ne pardonne jamais. Chaque tour demande la même concentration. Cette fois, l’entrée est réussie, le ton est donné et la dynamique est lancée. Ulm aura d’autres batailles plus à sa portée. Munich, lui, avance proprement, avec l’idée de remettre la main sur un trophée qui a souvent écrit son histoire.