Malgré deux appels insistants d’une infirmière, une obstétricienne de garde a refusé à deux reprises de se rendre à l’Hôpital du Haut-Richelieu durant la nuit pour sa patiente, qui a fait une hémorragie après un accouchement.
La soirée du 19 avril 2012 devait être heureuse pour la patiente Nancie Lapointe, qui a accouché de son deuxième enfant. Or, une hémorragie lui a fait perdre son utérus et a occasionné de multiples problèmes de santé (douleurs, diabète, insuffisance rénale, etc.)
La Dre Nathalie Cyr, 48 ans, a plaidé coupable aux quatre chefs de plainte du Collège des médecins (CMQ), mardi.
«C’est une infirmière expérimentée qui insiste pour que la docteure se déplace, deux fois plutôt qu’une. Et elle ne se déplace pas», a résumé l’avocate du syndic, Me JoAnn Zaor.
L’histoire remonte à la nuit du 19 au 20 avril 2012, à l’Hôpital de Saint-Jean-sur-Richelieu. La Dre Cyr avait fait la césarienne à sa patiente ce soir-là. Plus tard dans la soirée, elle était rentrée chez elle, mais elle demeurait de garde sur appel.
Durant la soirée, l’état de Mme Lapointe s’est détérioré. Appelée à deux reprises par une infirmière insistante, la Dre Cyr a refusé de se déplacer.
«L’infirmière savait qu’il y avait quelque chose et elle a insisté pour demander la présence de la docteure», a dit Me Zaor.
D’ailleurs, une poursuite civile de 1 million $ est déposée contre deux médecins et l’hôpital.
Selon la poursuite civile, l’infirmière a dit à 2 h 35: «J’aimerais qu’elle vienne voir et examiner la patiente, elle me répond qu’on attend que la tension artérielle remonte, qu’il n’y a rien d’autre à faire présentement. Je l’avise que ça me rassurerait, elle ne veut pas venir.»
Une heure plus tard, la patiente était en hémorragie interne. Appelée d’urgence, la Dre Cyr est arrivée 10 min plus tard.
Mme Lapointe a été opérée d’urgence et elle a subi une ablation de l’utérus. Le lendemain, elle a été transférée à l’Hôpital St-Luc. À ce jour, la gynécologue travaille toujours au Haut-Richelieu.
«La Dre Cyr a fait fausse route sur le diagnostic et a d’emblée carrément exclu la possibilité d’une hémorragie», a expliqué son avocate, Me Sophie Arpin.
«Ce n’est pas un cas de médecin qui refuse d’aller à l’hôpital et ne veut pas être dérangé. Elle a fait fausse route», a-t-elle insisté au nom de sa cliente, qui n’a pas voulu témoigner.
Les deux parties ont recommandé une radiation de cinq mois de la docteure, qui n’avait pas d’antécédents. Le Conseil a 60 jours pour se prononcer.
Le fil des événements (19 au 20 avril 2012)
19h30
La patiente accouche par césarienne «semi-urgente». Selon le
personnel infirmier, le post-partum se déroule normalement. De garde, la Dre Cyr rentre chez elle, mais elle demeure à 10 minutes de l’hôpital.
1h45
Une infirmière appelle la Dre Cyr. La patiente a une tension basse et vomit. La Dre Cyr refuse de se déplacer.
2h35
L’état de la patiente se détériore. L’infirmière rappelle la Dre Cyr et insiste pour qu’elle se déplace. Elle refuse encore, jugeant qu’il «n’y a rien à faire».
2h40
La Dre Cyr rappelle à l’hôpital et prescrit 10 mg d’éphédrine (pour faire monter la tension artérielle). Selon le syndic, cette prescription était «inutile et a compliqué la donne».
3h40
La patiente est en arrêt respiratoire.
3h49
La Dre Cyr arrive à l’hôpital.
5h25
La patiente subit une hystérectomie (ablation de l’utérus). Elle sera transférée à l’Hôpital St-Luc en soirée.
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