En couple le ménage revient aux femmes

La parité dans les foyers, ce n’est pas gagné: si les couples choisissent à deux leur logement, mettent en commun leurs revenus, ce sont toujours les femmes (93 %) qui font le ménage et s’occupent des enfants, selon une étude.

Beaucoup d’hommes en couple gardent résolument leurs distances avec les tâches ménagères: 91 % avouent ne pas repasser, 60 % ne pas faire le ménage ni la vaisselle (48 %), 50 % ne pas toucher aux fourneaux et 36 % ignorer les courses, selon cette étude du Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie, publiée par la Caisse nationale d’allocations familiales, en France, à partir d’une enquête récente de l’Insee intitulée Décision au sein des couples.

En revanche, 93 % des femmes en couple font le ménage, 93 % la cuisine, 85 % les courses quotidiennes, 83 % la vaisselle et 73 % le repassage. Les mères passent également deux fois et demie plus de temps que les hommes à s’occuper des enfants.

Cette répartition inégale des tâches dépend cependant du modèle familial dans lequel les hommes ont grandi, souligne l’étude: ceux élevés par une mère seule participent davantage à la vie domestique.

Mais attention! Plus le déséquilibre est important, plus les disputes, les non-dits et les idées de séparation hantent le couple. Et l’arrivée des enfants accentue disparité et tensions: dès la première naissance, les rôles entre hommes et femmes se spécialisent selon un modèle traditionaliste, toutes générations confondues, relève l’enquête.

Le choix du logement, lui, se fait majoritairement à deux, particulièrement dans les classes sociales aisées: 59 % des cadres le choisissent en intégrant les critères des deux conjoints contre 45 % des employés et 39 % des ouvriers.

Lorsqu’il s’agit d’une acquisition, les recherches sont menées à deux dans 56 % des cas, contre 43 % pour une location. Dans 85 % des cas, les deux conjoints disent être tombés d’accord tout de suite. Quand les discussions se prolongent, 61 % des hommes assurent avoir eu le dernier mot, contre 43 % des femmes.

«Dictateur bienveillant»

L’aménagement du foyer reste plutôt un territoire féminin (53 % des cas). Seuls 34 % affirment y avoir pensé ensemble et 10 % des hommes s’en octroient la paternité. En tous cas, 93 % des conjoints se disent satisfaits du résultat.

Quant aux ressources du foyer, 64 % des couples mettent en commun l’intégralité de leurs revenus et 79 % d’entre eux sans avoir institué de limite aux dépenses du ménage.

Cette mutualisation des ressources est toutefois moins fréquente quand il ne s’agit pas d’une première union ou lorsque le niveau de diplôme ou de niveau de vie des conjoints est élevé.Il y a trente ans, remarque avec malice le Credoc, quand les ressources du ménage étaient placées dans un pot commun, elles étaient allouées à chaque membre de la famille par un «dictateur bienveillant».

De nos jours, l’arrivée d’un bambin favorise également l’ouverture d’un compte joint: seuls 51 % des couples sans enfants en possèdent, contre 70 % à 80 % des couples avec enfants.

L’enfant semble aussi apporter un surcroît de légitimité à la parole féminine: en cas de désaccord sur divers sujets, 37 % des mères disent avoir le dernier mot, contre 31 % des femmes sans enfants vivant en couple.

Les mères de trois enfants décident encore plus de l’aménagement du foyer (59 %). De même, elles sont 29 % à décider d’accepter ou non une invitation, contre 20 % de celles sans progéniture.

Revers de la médaille, le déséquilibre du fardeau domestique et parental s’accentue aux dépens des femmes. Avec un seul enfant, une mère consacre 48 minutes par jour en moyenne au ménage, 62 minutes avec trois rejetons… Les pères stagnent à 12 minutes quelle que soit la taille de la fratrie.

D’après cette enquête, la représentation traditionnelle de la «mère-tendresse» versus le «père-autorité» tend aussi à s’estomper.

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